Au commencement était l’eau. Celle qui met la pression, qui met les gaz, qui coule, sèche et se contracte en neige, grêle et glaces. Celle qui trop souvent manque ou déborde de ses réservoirs originels.

Oppressé par la nécessité de réussir,, le créateur pensa que c’était quand même bien. Il ne savait pas que les Humains inventeraient le tonneau, la distillation, la consommation excessive dont il se défendrait par des interdictions de toutes sortes.

Puis il créa les fruits, les légumes et les fleurs dans une organisation foisonnante, plaçant au bout du monde les produits que l’on finirait par consommer frénétiquement de l’autre côté de la petite planète avec laquelle il se prenait la tête ! Rien que la consommation, ou pire le pourrissement sur place, généraient des productions fétides en tous genres, des noms à vous couper l’appétit en ce début de soirée ! Mais l’Humain y alla aussi de sa patte géniale et industrieuse en construisant des bateaux, poussés par les vents des mers et des machines qui, elles aussi, produisirent fluides et gaz à damner tous les habitants des mers et des océans.
Le Créateur remarqua donc que les temps de sieste, autrement dits de digestion, étant nauséabonds, il fallait les limiter !

Alors il créa le Verbe pour apaiser les Humains qui se mirent à chanter, à jacasser, à se sourire, se faire du charme… puis à se chamailler, s’invectiver, se moquer, s’enguirlander avant même que tout leur être finisse aussi en état de bouillonnement. Cela provoquait irrémédiablement des effets de masses qui se heurtaient avec une violence qu’aujourd’hui on peine à imaginer. On a retrouvé des machines capables de propulser toutes sortes d’objets de toutes masses susceptibles de détruire. Mais on n’en est pas sûr.

Alors Le Créateur créa la poésie avec l’espoir que celle-ci apporterait l’apaisement dont la création aurait bien besoin. Il la voulut douce, fluide, lumineuse, qui pouvait se re-créer presqu’à l’infini. Les humains s’admirèrent, se firent des compliments, s’apprécièrent même. Mai la réalité fut plus complexe. Pressés de tant de mots agréables, ils gonflèrent d’orgueil et le ton de leur propos changea. Rapidement, malheureusement ! Le verbe devint alors mordant, acerbe, critique, mensonger, méprisant, fallacieux, fourbe, méprisant et plein d’autres choses pires encore que je n’ose écrire ici !

Des indices montrent aussi que vraisemblablement les humains ont créé des instruments pour décorer leurs chants, les amplifier, les partager et les apporte jusque dans leurs oreilles jusqu’à l’abrutissement.

Alors, triste, le Créateur inventa l’écriture. Il vit qu’elle prit sur toute la Création des allures, des formes et des supports très variés. Elle demandait des connaissances et des réflexions qui prenaient plus de temps. Que le mal qui semblait coller à l’Humain le gangrénait moins vite…

Quelques dizaines d’années après la disparition on trouve toutefois de nombreux boîtiers qui semblent être dotés de capacité d’écriture dont on ne comprend à ce jour pas encore le sens.
En deux régions lémaniques, nos observations ont cependant relevé de traces de réunions d’humains qui pourraient avoir mangé ensemble. Des débris alimentaires et des morceaux de papier font actuellement l’objet d’analyses sur lesquelles on reviendra sans doute !

Document rédigé en décembre 2103 à l’attention des Dissidents de la Terre plate, zone apparemment préservée de l’explosion de la Lune en 2099.