Inoubliable…

C’est une fin de journée superbe et une soirée qui n’en promet pas moins !

Mon ventre rond est lourd, je suis en fin de grossesse.

J’ai beau porter des vêtements légers, fluides, souples, j’ai beau me déplacer d’ombre en ombre fournie par les quelques arbres de cette rue, mon corps dégouline, suinte. Il me semble peser une tonne et demie.

J’ai le moral au beau fixe, l’enfant va bientôt arriver !

Il y a très peu de monde dehors par cette chaleur, mais je dois aller à la maison de naissance, pour un contrôle de routine. Le dernier. Après c’est chez le pédiatre que j’irai, pour lui montrer mon fils. Le plus beau bien évidemment.

Je prends un raccourci par le petit bois, qui semble plus frais et tout à l’ombre.

Un écureuil traverse le chemin devant moi, s’arrête un bref instant et me regarde en penchant sa petite tête rousse. Il me fait rire ce petit guignol.

Soudain, une lancée dans mon ventre me fait me courber en deux.

Et je me retrouve dans une flaque d’eau tiède, avec des coups de boutoirs dans le bas ventre.

Un arbre proche me sert d’appui.

Ça fait mal bon sang… et personne à l’horizon.

Et zut… j’avais mis mon portable à recharger et je l’ai oublié !

Non, mais quelle idioooooote ! Oups ! Le poids qui pèse dans mon bas ventre est lourd, il me semble qu’il glisse, pousse, m’ouvre, me déchire…

Une femme me voit et court dans ma direction… elle me semble aussi enceinte que moi !

Ça va Madame…ohlà… mais vous êtes en train d’accoucher ! J’appelle une ambulance ! Tenez bon, accrocher vous à moi, criez si ça vous fait du bien… respirez !
Merci, pouvez-vous appelez mon mari aussi s’il vous plait… ?
Bien sûr ! Quel…. Aïe… qu’est-ce qui se passe ! Oh ! mon ventre me fait mal… excusez, il faut que je m’appuie, mon dos est si douloureux….
Cela ressemble à une belle contraction pour vous… on est belles toutes les deux, dans ce petit bois en train de mettre au monde nos enfants….
Pfff Pffff Pffff…

Quelques minutes douloureuses plus tard, nous entendons l’ambulance arriver et les deux samaritains qui en descendent ont la grande surprise de voir deux femmes en train de s’encourager mutuellement.

Eh les petites dames… c’est vrai que ce soir c’est la Pleine Lune mais attendez un peu, plus que quelques heures…Et bien non, dit-il en s’approchant, je crois que ces enfants seront forestiers ou bucherons… le travail est trop avancé, on va finir le job ici !
Deux petits lutins pour le prix d’un déplacement… pas mal, dit avec un sourire encourageant la jeune femme samaritaine.

Sortant leur mallette de travail, les ambulanciers nous aident de leur mieux, avec gentillesse et attention, mais n’oubliant pas un petit mot drôle ici ou là pour enlever un peu de tension dans leur intervention !

Quel est votre prénom demande l’homme à la femme…
Luna dit-elle en essayant de rire. Je suis brésilienne.
Et vous me demande-t-il
Claire dis-je.
Claire de Lune ! non mais, mes petites dames, vous vous êtes données le mot pour accoucher ici ?
On ne se connait pas !

Et voilà comment Luna et moi avons des enfants qui sont devenus d’inséparable Frères de Lune !

Ils se nomment Sylvain ( dire Sylvaïn) et Sylvestre !

Et la bonne humeur est incontestablement leur plus grande qualité !

3249’.Denise . Les Dissidents de juillet à Lausanne