Il semblerait que Séléné(1) suive des cycles – certains psychologues parleraient de phases – qui la font tantôt enfler comme un ballon ou au contraire s’amincir au point de ne quasi plus être visible. Ce seraient apparemment les incongruités de sa voisine FatGaïa(2), bien plus grosse qu’elle, qui l’atterrent et lui font prendre du volume. Elle les absorberait sous forme d’ondes négatives provoquant cet effet expansif sur son organisme. Sans pour autant que sa voisine ne s’en préoccupe le moins du monde…

Cependant, lorsque régulièrement sa dilatation atteint les limites supportables par la tension superficielle de son enveloppe – étirée à l’extrême et dont on distingue alors, grossies, les maculatures blanchâtres et autres pustules qui la recouvrent – elle évacue son excédent par de discrètes contorsions qui sont scrutées par un lointain voisin, OldHélios(3), star de tout son entourage. Un voisin qui lui tourne autour à distance depuis la nuit des temps, à moins que ce ne soit Séléné qui, déroutée par les interactions avec son imposante voisine, n’use de ruses elliptiques pour s’en rapprocher puis s’en distancer, attisant ainsi les ardeurs de ce voisin, capable de violentes éruptions.

La rumeur est devenue telle qu’un poète, ou poétesse – une trainée en tous cas – s’en est emparé pour composer une rengaine sur ces rendez-vous manqués(4). Ce Charles au charme puisé dans l’amer n’est qu’un charlatan profitant des infortunes de cette pauvre Séléné.

En outre, une autre théorie voudrait – mais rien n’est moins sûr - que d’autres habitants vivant en périphérie de la cité émettent à leur tour, à intervalles réguliers, quantité d’ondes – appelées sinusoïdes semi-vertes par les sachants – qui conféreraient à Séléné, en quelques semaines à peine, taille de guêpe et silhouette décroissante. Cela pourrait peut-être s’expliquer par les mœurs étranges de cette communauté qui bardent leur habitat de grandes plaques noires, qui font le plein de leur véhicule au moyen d’un étrange pistolet duquel ne coule aucun liquide (5), et qui s’obstinent à ne pas entretenir leur gazon pour y laisser proliférer fleurs sauvages et graminées. Une honte !

Ces querelles qui tournent autour de Séléné et de FatGaïa sont prises très au sérieux par une équipe de mieux sachants républicains qui n’ont pas tardé à réfuter la fumeuse théorie d’un certain Cooper Nick(6), en compilant les dernières recherches sur les réseaux sociaux et en consultant les instances religieuses les mieux informées sur ce sujet. Mais nul doute que la lumière viendra, une fois encore, du plus grand et plus illustre Président du Monde. Lui seul sera capable d’éclairer ce mystère des phases lunaires de sa sagesse infinie et d’apporter à cette question la réponse la plus juste – et la plus profitable aux électeurs républicains. N’en déplaise aux sceptiques et autres dissidents.

Heil MAGA !

(1) Séléné : déesse grecque de la lune

(2) Gaïa : déesse grecque de la terre

(3) Hélios : dieu grec du soleil

(4) « Le soleil a rendez-vous avec la lune » de Charles Trenet, auteur également de « La mer »

(5) D’où le plein à moitié vert (selon la provenance de l’électricité)

(6) De revolutionibus orbium cœlestium de Nicolas Copernic en 1543 : théorie selon laquelle la terre tournerait autour du soleil et non l’inverse. Alors que tout le monde sait que l’univers tout entier tourne autour des Etats-Unis d’Amérique !