En ces lieux du progrès isolés

Plafonds ouverts aux nuages noirs

Parois de sigles mystérieux taguées

Il laisse ça et là ses traces d’espoir.

Taches de couleurs aux silhouettes délicates

Invisibles aux regards morts des passants pressés

Ignorées des dealers – yeux noirs et peau mate

Mais qui touchent au cœur le poète égaré.

Ses messages aux seuls initiés révélés

Lancent au monde un cri silencieux :

Du vivant la beauté, la poésie est en danger

Immolée au culte du plus vite et toujours mieux.

Ses minuscules dessins sur fond de béton tapis

Seront demain aux griffes d’un chantier sacrifiés

Car sans la notoriété protectrice d’un Blanksy

Ses poèmes en couleurs seront à jamais effacés.

Calliope a déserté le refuge des recueils poussiéreux

Pour se nicher en des lieux plus obscurs

Dans des ruelles sombres aux recoins dangereux

Où les tags sprayés font office de nature.

Il faut désormais oser les méandres de l’inconnu

Pour aller dans ses cachettes la débusquer

Risquer l’aventure de parcours incongrus

Pour mériter sa richesse aux ignares masquée.

Ne craignez pas de sa présence la quête obstinée

Car comme de l’eau la plante se nourrit

La poésie a besoin de nos regards amusés

De nos yeux attentifs et de nos cœurs attendris.