Miaou, miaou, miaou, ouvre les guillemets et tes écoutilles : « Salut mon humain, je le sais bien, que nous ne sommes pas à la mi-août, mais à la mi-novembre. Ne ris pas, surtout, ça va te gercer les lèvres.

Tiens, t’as pas l’air dans ton assiette ce matin, à propos d’assiette… tu ne fais pas le rapprochement ? Oui, bravo, c’est ça, remplir la gamelle à bibi, un geste matinal et si possible, généreux. Non pas possible, qu’est-ce que tu peux être pingre, dis donc ! Mal luné, donc une journée de m… s’annonce.

Hé là, tu m’as piétiné la patte, bobo ça, regarde où tu marches. Comment ça, quelle patte ? Tu veux faire un constat, ou quoi ? J’ai l’arrière droite toute endolorie, bonjour le maladroit !

Ouais ouais, je m’écarte, je te laisse tout le passage, voilà, comme ça, ça ira ?

Ah! Ces humains, tous les mêmes, y’en a que pour eux !

Dire que nous autres félins sommes arrivés avant vous sur la planète, pourriez quand même respecter l’ordre d’ancienneté !

Même pas félins, les chats, tu dis quoi là ? Il faudrait revoir tes cours de zoologie, avant de proférer de pareilles inepties, oui, j’ai bien dit : inepties, je chat tie mon langage, moi ! Pas comme cet espèce de Philippe G. Qui vous dessine un chat philosophe, abonné aux contrepèteries de cours de maternelle.

Donc félins, nous sommes, quoiqu’en disent certains…

Comment ça, félin “domestique “? Bien, alors, si tu veux aller sur ce terrain-là, je déclare que c’est toi le domestique dans cette maison, pas moi. Tu es chez moi et pas le contraire, vu ?

Prouves-le que tu dis ? Commence par arrêter de mastiquer mes croquettes, non mais, mange ta tartine, c’est mieux pour ton estomac !

Oui, je t’excuse cette distraction, mais s’il-te-plaît, pas de récidive, je t’ai à l’oeil, ce sont mes friandises à moi.

Donc, pour en revenir à plus sérieux, tu me mets au défi de prouver que c’est toi le domestique dans cette maison et pas moi, ici dans mon appartement, où je te fais la grâce de te tolérer depuis d’innombrables jours et de nuits.

Bon, alors, cette preuve ! Oui, j’y viens. Imagine maintenant, que sur ce beau tapis persan, persan comme moi, n’est-ce pas?

Imagine, si je faisais un petit lâcher de pipi, juste là, au beau milieu, et si par le même voyage, il me viendrait un tout petit caca que je gardais tout exprès pour une grande occasion, gnia, gnia, gnia. Imagine ! Et qui se mettrait vite au travail pour le sauver, ce beau tapis persan ? Qui ça, dis-le donc ! Toi, exactement, et pourquoi ça, et bien, parce que tu es mon domestique bien aimé. Et en avant l’huile de coude, et mon humain préféré n’oublierait pas un petit pschitt de Fébrèze, tu sais que j’adore littéralement cette odeur.

Bon, si comme dirait le chat de Philippe G., on revenait aux choses sérieuses. Je sais que tu aimes bien faire marrer la galerie, ne t’en fais pas, je te laisserai une tranche de franche rigolade, promis.

Voici donc : je suis navré d’apprendre que vous les humains, vous n’arrêtez pas de vous entre-tuer, je le vois bien dans la boîte à images que tu regardes au-lieu de travailler, ça te rend tout triste et je peux le comprendre, même si ça m’interroge.

Laisse-moi t’expliquer. Je sais que mon instinct de félin “domestique” me pousse aussi à tuer. Mais il y a une énorme nuance avec vous autres humains. Quand nous tuons, c’est juste pour manger ou, à la rigueur, pour faire un petit présent à son humain. Si, si, rappelle-toi le joli souriceau que je t’avais déposé sur ton bureau…un cadeau de temps en temps, ça aide aux relations entre les patrons et leur domestiques.

Miaou, miaou, grrr, grrr. Ferme les guillemets. Tu peux te détendre… »