J’en ai vraiment ras-le bol ! Je veux en finir avec cette galère ! Parcourir les rangées de voitures à la recherche de la mienne m’agace et m’épuise. Elle réussit à me faire haïr la constatation de mon manque de mémoire !

J’ai payé le tiquet pour sortir et je vois le temps déguerpir à toute allure. Faut – que - je trou-ve !!! Plus l’adrénaline semble jouir du libre champ que je suis devenue pour le stress, plus je ne fais que revenir sur mes pas, plus je me sens dépérir. Ma tête tourne. J’ai hâte de pouvoir partir de ce parking. Il devient de plus en plus hostile. Et je me dis, tu es nulle, tu as la tête ailleurs et après, ben voilà, tu n’as qu’à subir cette recherche si agaçante et énergivore.

Je sais que me haïr ne facilitera pas la démarche. J’ai besoin de trouver ma belle voiture et de pouvoir déguerpir tout en respirant profondément. Vive la sérénité ! Faut revenir au calme….et à la liberté !!

Aujourd’hui j’ai pris une grande décision afin d’en finir avec ces moments déstabilisants, trop récurrents. J’ai décidé de noter le numéro de la place où je me suis garée. Comme ça, au moment de venir la chercher, je ne me sentirai plus mourir pendant que je tourne en rond. Je pars à mon rendez-vous avec un sentiment de victoire qui me fait jouïr de cette sensation : je t’ai eu, ma chère mémoire !

Au moment de revenir au garage, je marche directement vers la place qui est bien notée sur le tiquet. Pourtant…ho, non !! Il y a une autre voiture sur ma place! Mais, mais, c’est le bon numéro ?! Alors… ? Ce n’est pas possible ! Je me sens jaunir ! Je me mets à courir encore une fois entre les rangées des voitures, la mienne continue à se cacher. A moins qu’on me l’ait volée !!! Voilà ce que mes pensées me font subir…

Je prends mon courage à deux mains et je cherche le gardien du parking. En mode accéléré, saccadé, je lui montre le tiquet, je lui montre le numéro de la place, que j’avais clairement noté, je lui dis qu’on a dû me voler ma bagnole, je me sens presque en train d’hennir mes propos, tel un cheval débridé !

Sans broncher, il prend le tiquet dans ses mains, le regarde, le retourne, et me répond : Madame, ce tiquet appartient à un autre parking.

Je sens le sol s’ouvrir sous mes pieds, la honte m’envahir. Je me sens rougir et rapetir.

En effet, cette chaîne de parkings ont tous le même look…. Et il y en a plusieurs dans ce quartier très fréquenté. J’ai confondu l’entrée… Je veux fuir, déguerpir au plus vite, devenir invisible. J’essaye d’effacer l’image du sourire moqueur du gardien pendant que je fais en sorte de revenir au bon parking. Et là, une illumination : Il faudrait concevoir des parkings pour des amnésiques. Un personnel entraîné à retenir qui parque quoi et où, vous rendez -vous compte du soulagement ? Je suis sûre que ça aurait un grand succès. Je me sens devenir une cliente fidèle à cette nouvelle enseigne…