Je suis couchée, ou plutôt blottie dans le creux du ventre de mon amant.

Nous sommes emboités comme deux pièces d’un puzzle.

Nus, devant notre tente, encore remplis l’un comme l’autre du plaisir que nous venons de partager.

Nos vacances se passent dans un camp naturiste et vraiment c’est une joie de vivre ainsi alors que toute l’année nous sommes enfermés dans les carcans de nos habits de travail, lui en travaillant dans une banque et moi dans une cuisine ! Et là, nous ne subissons ni cravate ni toque et blouse boutonnée jusqu’au cou !

La température est juste parfaite, vingt-cinq degrés peut-être.

La mer est à quelques mètres, en bas de la dune sur laquelle est plantée notre tente, on entend le va-et-vient régulier des vagues.

La plage est peu fréquentée en cette fin de septembre, c’est parfait.

Devant nous il n’y a qu’un rideau de roseaux et de carex, ces grandes herbes sèches et blondes, et une petite brise les fait danser dans une chorégraphie aérienne légère et pleine de volupté.

Le soleil descend sur l’horizon et lorsqu’il se trouve, pour notre regard, derrière le rideau végétal, le ballet des herbes folles continue et nous donne ainsi l’impression que les plumeaux dorés caressent l’astre et que celui-ci prend un immense plaisir et même, oui, c’est génial, il rougit fort sous les effleurements incessants.

La tiédeur du soir dégage une odeur de sable chaud.

Quelques oiseaux marins crient et volent en direction d’un bateau qui rentre de la pêche.

Mon soupir de plaisir réveille mon ami. Il caresse mon épaule en me souriant.

Dans cette sérénité, je me sens complice du soleil qui se laisse caresser alors que la main de Xavier remonte lentement le long de mes cuisses…

Denise. Dissidents de La Pleine Lune. Pour Rue septembre 2023. 1858’